Quinze croix pour le lys rouge

Un hommage au slasher

Dans la tradition des films d’horreur cultes
Halloween, Vendredi 13 ou Noël tragique,
Frédérick Durand réinvente la
Saint-Jean-Baptiste !


Quinze croix pour le lys rouge, de Frédérick Durand

24 juin 1991. Un groupe de fêtards se réunit dans un chalet pour célébrer la Saint-Jean-Baptiste. Bière américaine en main et musique anglophone dans les oreilles, les invités disparaissent les uns après les autres. Leur absence de fierté nationale a éveillé la colère d’un meurtrier revanchard. Armé d’objets symboliques, il exécutera ces traitres qui bafouent leurs racines.



Dans Quinze croix pour le lys rouge, Frédérick Durand met à profit son érudition horrifique dans un hommage au slasher, ce genre qui nous a donné des classiques comme Halloween, Vendredi 13 ou Noël tragique. Cette fois, il imagine un meurtrier inspiré par une fête emblématique du Québec : la Saint-Jean-Baptiste.

Le roman est précédé d’une préface intitulée « Le slasher, cet enfant malaimé », dans laquelle l’auteur présente le contexte social et narratif de ce genre, tout en revenant sur la genèse de son récit.

Avec des illustrations intérieures de Filip Ivanović.




Entrevue avec
Frédérick Durand


Qui es-tu ?

Je m’appelle Frédérick Durand. Depuis une vingtaine d’années, j’ai publié des livres dans divers genres (roman historique, poésie, polar, fantastique, littérature générale).


Peux-tu nous parler un peu de ton nouveau livre, Quinze croix pour le lys rouge ?

Quinze croix pour le lys rouge est un roman dont l’action se déroule en 1991, lors de la nuit de la Saint-Jean-Baptiste. Le récit suit un groupe de jeunes adultes qui se réunissent dans un chalet situé à Sainte-Geneviève-de-Batiscan, en Mauricie. Comme ils n’ont guère la fibre nationaliste, le 24 juin est surtout à leurs yeux un prétexte pour faire la fête. Leur comportement attire l’attention d’un assassin revanchard qui les épie dans l’optique de punir leurs manquements à l’identité québécoise. L’individu s’en prendra à tous ceux qui ne respectent pas les valeurs propres à la Fête nationale. Chaque châtiment sera infligé à l’aide d’un objet qui symbolise le Québec, détourné à des fins meurtrières.

Il s’agit d’un hommage au slasher, genre popularisé par le cinéma à la fin des années 1970, mais surtout au cours des années 1980 (les film Halloween et Vendredi 13 en sont les représentants les plus célèbres). On l’a souvent cru mort, mais il finit toujours par ressusciter, à la manière des criminels qu’il met en scène.


Quel est le roman qui a le plus inspiré ton travail ?

Comme plusieurs collègues qui ont répondu à ce questionnaire avant moi, il m’est difficile de restreindre mon inspiration à un seul livre. Je peux tout au plus nommer certains auteurs dont j’apprécie les œuvres pour diverses raisons : Alain Robbe-Grillet, Marc Agapit, André Héléna, Marilyn Valojie, Claude Seignolle, Serge Brussolo, Mario Mercier, Anne Duguël… J’ai aussi une prédilection pour les collections étranges et obscures qui ont réuni des œuvres aux titres improbables. Je pense notamment à Eroscope, rattachée aux Éditions et Publications Premières de 1975 et 1980. Certains titres sont surprenants (Le parc aux fêtes rouges, Sylvia et ses monstres…) sans négliger une série de romans consacrés au personnage de « L’innocent », un déficient intellectuel qui rencontre au cours de ses voyages les « femmes à peau bleue, éphémères et sylphides qui hantent la vallée créée par le Rêveur », s’exposant au danger que représente « l’étreinte des Nixes aux bras pâles ».

Au chapitre des initiatives insolites, signalons Les aventures de Dracula, douze livres publiés au cours des années 1960 qui… ne mirent jamais Dracula en scène! Un projet original, Trash Éditions, vient hélas d’interrompre ses activités voilà quelques mois après vingt ouvrages, dont certains sont très réussis (Pestilence, de Julien Heylbroeck).

Le dernier bastion de cette littérature et de ces collections, c’est certainement Rivière Blanche, toujours en activité, dont le vaste catalogue mérite d’être découvert. Parmi des inédits récents, on trouve entre autres les rééditions de deux œuvres de l’énigmatique Renée Dunan, dont l’une, Baal ou la magicienne passionnée. Livre des ensorcellements (1929), est aussi avant-gardiste qu’inventive.


Tu visites une librairie imaginaire et tu trouves le livre de tes rêves. De quoi parle-t-il ?

Il existe plusieurs « livres de mes rêves », mais l’un d’entre eux est un incunable qui n’a peut-être même jamais été écrit. Je m’explique : entre 1973 et 1974, l’occultiste français Jack Coutela signa, sous le pseudonyme de Maïk Vegor, une pentalogie mémorable. Cette étonnante saga de romans d’horreur parut en 1974 chez un éditeur éphémère, Monnet, dont l’une des collections s’appelait « Terrific ». S’y côtoyaient des écrivains comme Maurice Périsset et Frank Cléry, dont quelques livres furent publiés au Fleuve Noir.

Pour en revenir à Maïk Vegor, les cinq tomes consacrés au personnage furent pour moi des lectures marquantes. Ces ouvrages mettent en place des êtres et un monde évocateurs, poétiques, horrifiques et fantastiques, sans oublier des éléments qui appartiennent à la science-fiction médicale, domaine que l’auteur semble connaitre (je soupçonne qu’il a pu exercer le métier d’infirmier, puisqu’il signa plusieurs romans « médicaux » sous le nom de Marilyn Baker).

Des chapitres étonnants ponctuent ces romans dont l’action se situe chaque fois dans un pays différent. Le lecteur y fait connaissance avec Maïk Campbell O’Connor, jeune veuve qui habite un château perdu dans la lande écossaise, hanté par le fantôme d’Edouard II. Excentrique et passionnée de sciences, Maïk cherche à ressusciter son mari, Walter, qui vient de mourir. Elle récupère son cadavre et le dissimule dans une salle souterraine, où elle tente de le ramener à la vie. C’est seulement là le point de départ d’un long parcours qui la mènera notamment auprès d’un « rajah pourpre » sanguinaire, en Inde, et d’un général fou qui souhaite organiser un défilé militaire sous-marin dont les soldats, changés en hommes-poissons, ne porteraient aucun masque respiratoire.

La collection « Terrific » s’arrêta après huit romans, dont cinq signés par Maïk Vegor. Quatre volumes furent annoncés sans voir le jour : « F » comme feu, d’Agnès Laurent (auteure qui publia dans la collection « Angoisse » du Fleuve Noir), La sorcière aux yeux d’automne, d’Éric Gordis (titre magnifique… Qu’est devenu ce manuscrit ? Une recherche au sujet de son auteur ne donne aucun résultat, pas même sur le site de la Bibliothèque nationale de France), Les noces du diable, de Rudy Fürtwengler (alias Robert Vaudois, ex-prisonnier de guerre spécialisé dans le récit de guerre sanglant. Les titres sont évocateurs : L’abominable randonnée (1957), Au fond de l’horreur (1972), Noël de sang [1978], Arrêtez le massacre [1985]…).

Le dernier « Terrific » annoncé (et non le moindre) était Maïk et le Dr End, sixième tome de la série. Ce livre fut-il écrit ? Considérant l’intense productivité de son auteur, il est permis de supposer que ce fut le cas. Qu’est devenu le manuscrit ?


En quelques lignes, imagine une scène d’horreur.

Je me lève un matin et je découvre que tous les gens que j’aime sont morts.