Oserez-vous partager leur agonie ?

Une ado possédée par un tueur cannibale.
Un bateau où toutes les perversions sont permises.
Un esprit meurtrié assoiffé de sang.
Le livre québécois le plus sanglant.
Pour lecteurs avertis.
Agonies.


Trois histoires d’horreur
100 % gore

SAM
Jonathan Reynolds

À 17 ans, Samantha découvre qu’elle partage son corps avec Bob, un tueur sanguinaire affamé de chair humaine. Son seul désir : en finir avant que Bob ne la force à dévorer sa famille et ses amis.

AMARANTE
Ariane Gélinas

Navire en perpétuel mouvement, l’Amarante accueille à son bord des êtres tourmentés. Vient le tour de Charles, qui a tout perdu après le suicide de son amoureuse. Sur ce bateau où se mêlent l’art, l’érotisme et la cruauté, il s’éprend de Lysane, une artiste qui lui rappelle sa compagne défunte. Mais, sur l’Amarante, ceux qui ont le malheur de s’attacher à quelqu’un sont sévèrement punis.

BAPTÊME DE SANG
Pierre-Luc Lafrance

L’inspecteur Boisclair abat un suspect en plein interrogatoire. Interrogé après le meurtre, il raconte son histoire sans demander qu’on le croie, puisque lui-même n’ose pas y croire. Comment peut-on démembrer un homme à mains nues, parler dans la tête des gens et, surtout, manger vivante sa victime sans qu’elle ne se débatte ?

Trois récits sans censure qu’on dévore avec un curieux mélange de dégoût et d’intérêt. Si vous aimez les intrigues surnaturelles et la littérature qui ne s’adresse pas aux cœurs sensibles, Agonies est le livre parfait pour vous.


— Patrick Robert, Sinistre Magazine

Lire un extrait de Agonies


Sam, de Jonathan Reynolds


What have I got that makes you want to love me
is it my body or someone I might be or somethin’ inside me
— Alice Cooper, « Is it my body »

La haute colline de Beauvoir.

Ce sanctuaire silencieux est situé en campagne entre la ville de Sherbrooke et la petite municipalité de Bromptonville. Il accueille souvent des visiteurs, croyants ou non. Mais, en cette aube où le ciel est déchiré entre une triste grisaille et un rouge violent, il n’y a personne à part moi. Moi, Samantha, qui fais partie de la deuxième catégorie : les non-croyants.

Ai-je déjà cru à un sauveur venu des cieux pour nous pardonner tous nos péchés ? Je ne pense pas. Peut-être quand j’étais toute jeune, peut-être. Mais, à présent, malgré mon corps d’adolescente, je me sens vieille.

Une athée sur la montagne des pèlerins.

Trois raisons bien précises m’amènent ici tous les matins.

La première est un cadeau que je fais à mes yeux : la vue est majestueuse quand on se tient au-dessus de la falaise qui surplombe la forêt de conifères centenaires. À travers cette nature verdoyante, on devine, au loin, le village de Windsor et, plus près, celui de Bromptonville. Si je me tourne vers la gauche, Sherbrooke m’offre ses maisons, son mont Bellevue et son lac des Nations.

La deuxième raison est un baume que j’applique sur mes oreilles. Ici, on n’entend que le silence. Et aussi, le doux souffle du vent qui sort de mon esprit les plaintes et les hurlements de souffrance qui s’y imprègnent quotidiennement.

La dernière est une promesse que j’adresse à mon âme : celle d’en finir avec cette existence. Ma vie est un enfer. Pour éteindre les flammes qui m’habitent, je n’ai qu’à avancer de quelques pas. Sauter dans le gouffre qui s’ouvre devant moi. Mon corps s’écrasera, se fracassera sur ce rocher, là, tout en bas, ou encore il s’empalera sur la branche fourchue de cet arbre mort, juste en dessous.

Mais au lieu de sauter, je rebrousse chemin vers la voiture de mes parents. Je ne sais pas où ils se trouvent. Peut-être sont-ils partis en voyage ? Parce que l’autre possibilité, beaucoup plus probable, est trop terrible.

Ne plus y penser.

Penser à autre chose.

Je démarre la voiture et quitte le sanctuaire de Beauvoir. Comme tous les autres matins depuis quelques jours. Pourquoi ne suis-je pas capable de passer à l’acte ? Ce ne doit pas être si compliqué de faire comme toi, tante Kate, et de mettre un terme à mes jours, à cette souffrance.

Le moteur rugissant de la Toyota chasse ce mince espoir. Alors que je roule vers Bromptonville sur l’étroite route asphaltée, je n’y pense plus.

Mes pensées m’appartiennent de moins en moins. Il y a quelqu’un d’autre qui m’habite. Un tueur du nom de Bob. Selon ce qu’il me raconte dans ma tête, il aurait été tué au moment où je suis née.

Quand j’étais petite, des cauchemars hantaient mes nuits. Les plus marquants concernaient trois silhouettes anonymes qui assassinaient un jeune homme : Bob. Elles répétaient son nom en le frappant à coups de pelle. J’étais terrifiée, mais j’essayais de me convaincre que ce n’était que des rêves. Je ne pouvais pas savoir qu’à sa manière, Bob a partagé sa mort avec moi.

Il y a quelques années, il est revenu dans mes cauchemars pour me montrer comment il aimerait se venger de ses meurtriers. Selon ce que j’ai compris, il revenait de sa tombe armé de la pelle avec laquelle il avait été tué et il retrouvait ses trois assassins. Le premier succombait d’un coup à la tête, le deuxième était décapité et le troisième, éventré. Encore une fois, je voulais croire qu’il ne s’agissait que de simples rêves sanglants, un symptôme de mes menstruations.

Pourquoi m’a-t-il choisie ? Je n’en sais rien. Je doute qu’il le sache vraiment lui-même. Ou si c’est le cas, il n’a jamais voulu me l’expliquer.

Avant, j’étais anorexique. Mais maintenant, je mange. Je mange à sa faim. Parce que quand Bob a faim, je n’ai pas d’autres choix que de manger.

Et il aime sa viande bien saignante.

Juste d’y penser, j’ai mal au cœur.

La semaine passée, je me croyais possédée. Je perdais connaissance et, quand je me réveillais, j’avais l’impression que quelqu’un avait agi à ma place. C’était bien vrai, parce que moi, je n’aurais jamais commis des actes aussi horribles… En une semaine, Bob m’a fait tuer mon petit ami Steve, mon frère Michael et son ami Jason. Et après, il m’a obligée à les dévorer. Au moins, il prenait le contrôle et je ne me rendais compte de rien, je n’assistais pas à ses meurtres dégoûtants… ni à ce qui suivait. Je ne constatais que les dégâts, les restes, et je pouvais aisément deviner ce qu’il avait fait faire à mon corps. La tête tranchée de Jason reposait dans le réfrigérateur de leur appartement, à Michael et à lui. Avec mes mains, Bob avait écartelé mon frère et c’est en petits morceaux que j’avais retrouvé Steve. J’avais cru devenir folle. Tout ça, je ne voulais pas y croire. Et pourtant, c’est sur mon visage que séchait leur sang.

Mais maintenant, je suis de plus en plus consciente. Je ressens tout. Je ne peux plus douter que ça se passe pour vrai.

Je goûte à l’horreur.



Je lève mon chapeau à ce premier opus de La Maison des viscères, qui a eu le guts de publier du gore ouvertement, sans se cacher ni avoir peur des mots…


— Valérie Bédard, Revue Solaris